Lundi 3 Juin: Bodie et du lac Mono au Yosemite

On nous avait dit que le lac au lever du soleil était un must, mais après Las Vegas et les heures de route de la veille, le vrai must c’était de dormir jusqu’à 9h. Nous somme retournés à la cafétéria de la veille pour quelques pancakes/oeufs brouillés avant de se rendre au bord du lac via un long chemin de gravier entouré de buissons, à peine assez large pour une voiture. A part un duo de photographe allemands, nous sommes les seuls sur cette plage, assez éloignée de Lee Vining, mais qui vaut le coup d’être vue avec ses concrétions de calcaire et le nombre d’oiseaux qui en ont fait leurs nids.

Notre prochaine étape est Bodie, une ville fantôme de la ruée vers l’or-et la mieux préservée de toute la Californie-, à environ 45mn de route du lac.  Les premières traces d’or ont été découvertes peu avant 1860, et la population a atteint son maximum en 1880 avec 10000 habitants, ce qui en faisait la plus grande ville après San Francisco. A cette époque, les quelques 65  saloons côtoiyaient les bordels sur la longue rue principale, les fusillades, bagarres et hold-ups étaient monnaie courante. La ville qui a extrait au total plus de 34 millions de dollars d’or, a été définitivement abandonée dans les années 1940 à la suite de deux incendies, et a été laissée telle quelle. C’est un site historique depuis 1961.

Rien n’a bougé ou presque (les rangers sont là pour entretenir un minimum les bâtiments et éviter qu’ils ne s’effondrent), et c’est assez une sensation assez particulière de s’y promener, regarder à travers les fenêtres des maisons condamnées car trop fragiles, entrer dans celles ouvertes et s’imaginer la vie des gens qui habitaient là il y a plus d’un siècle.

Une salle de classe avec un globe terreste:

Le cimetière:

Le soleil est au zénith quand nous retournons à Lee Vining, prenons un plat à emporter toujours dans la meme cafétéria (pourquoi aller voir ailleurs quand on est sûrs qu’ici, ce sera délicieux?) et entamons les deux petites heures de route qui nous séparent de la prochaine étape, dans le parc national du Yosemite. Michele a entamé sa “siesta” à l’arrière rapidement après avoir avalé son sandwich, je mord avec délectation dans mon burger aux légumes marinés, et nourris Jeff qui a repris sa place au volant.

Le Yosemite est un endroit fort heureusement très protégé, où les visiteurs s’adaptent à la nature au lieu de la maîtriser. Beaucoup d’efforts sont faits pour préserver la vie sauvage de l’influence humaine, notamment les ours, cerfs et écureuils . Conséquence directe, les places de camping sont très limitées, surtout dans la vallée, d’où partent tous les sentiers de randonnée. Pour obtenir un site où planter sa tente dans l’un des trois campings de la vallée au printemps ou en été, les réservations ouvrent 3 mois à l’avance et tout est plein en moins d’une heure. Ensuite, si les tarifs exorbitants et le manque de proximité avec l’environement des hôtels et chalets vous rebutent –ce qui était notre cas-, il reste un unique camping ne prenant pas de réservations et fonctionnant sur le principe du “premier arrivé, premier servi”. D’autre campings sont situés à 45mn de route de la vallée, plus en altitude et tous n’ouvrent pas pas avant juillet à cause de la neige: c’est dans l’un d’eux que j’ai réussi à trouver une place pour cette nuit-là uniquement, la dernière disponible, deux semaines avant le départ (il y a 3 mois, je me doutais que j’allais visiter l’endroit, mais de la à planifier tellement en avance…). Ah, et bien sûr, le camping sauvage est totalement interdit, sévèrement sanctionné et de toutes facons dangereux à cause des ours.

Nous aurons donc de quoi dormir ce soir, après avoir traversé tout le parc par la Tioga Road, ouverte et déneigée une dizaine de jours plus tôt (la chance était avec nous ce coup-ci!): en arrivant au camping, nous recevons toutes les instructions à suivre et conseils de balades à faire de la part d’un ranger a l’accueil. Chaque site est équipé de caissons métalliques avec verrou, où toute la nourriture et produits parfumés doivent être stockés (les ours ont un odorat exceptionnel et arrachent les portes des voitures avec une étonnante facilité). Nous verrouillons donc toutes nos affaires et partons pour une balade en fin d’après-midi, à travers une forêt abritant des séquoias géants. Ce ne sont pas les plus gros que l’on puisse voir aux Etats-Unis (les plus impressionnants font jusqu’a 100m de haut avec une circonférence de 25m) Comment arrivent-ils à cette taille? Grâce a leur écorce, ils résistent au feu et d’autres évènements meurtriers pour les autres arbres, ce qui fait que les plus vieux d’entre eux ont jusqu’à 3000 ans.

Le premier que vous croisons est une sorte de “bébé”, mais sa taille est suffisante pour nous arrêter sur place dans un “woooh” commun. 

Plus loin, l’un deux est couché sur le flanc, et nous a servi de mur d’escalade :

Encore plus loin, celui-ci a été touché par la foudre, on peut y faire passer une voiture:

De retour au camping, petit dîner/apéro de chips et beurre de cacahuètes: (comment ça l'illusion n'est pas parfaite??)

Michele a mentionné plusieurs fois dans l’après midi sa crainte des ours, alors quand Jeff et moi décidons d’aller faire un tour dans la clairière au bout du camping pour espérer en apercevoir un(le ranger de tout à l’heure nous avait dit qu’ils viennent souvent par là en début de soirée), il nous regarde d’abord comme deux malades mentaux, puis accepte de nous suivre. Nous nous asseyons dans l’herbe haute à l’orée de la forêt, Michele jette des coups d’oeils réguliers par dessus son épaule qui me font sourire, et décide de retourner à la tente lorsque le soleil commence à disparaître derrière les montagnes. Nous restons encore un moment avec Jeff à scruter la forêt, jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre pour discerner quoique ce soit