Un an sur la côte est américaine.

 <<< Cet article devait initialement être publié à la mi-septembre. En tant que docteur ès procrastination, je le publie... fin novembre. Normal, quoi. >>>

Après une bataille d'eau acharnée, en train de goûter à un soda bien dégueu:
(à ma gauche, Stefan, un des mes amis les plus proches)

Le lendemain, direction la plage dans le van:

Le dimanche, c'était le 7 et je fêtais mes 24 ans: une vingtaine d'amis à la maison, du soleil, des pistolets à eau, une slackline, un barbecue... que demander de plus?

 April à la guitare:

Cette photo a pour nom "kiwi up, kiwi down"

Et une démonstration de jonglage avec du feu – qui m’a plus plu qu’à mes voisins :



Et je ne veux pas oublier mon cadeau de la part d'Andrés, un tour en moto!

Deux semaines plus tard, il y avait une bataille de pistolets à eau géante organisée devant les marches du musée d’art. Quand je dis géante, c’est qu’il y avait une bonne soixantaine de personnes, de tous les âges, qui s’arrosaient allègrement en rechargeant à l’aide de la fontaine du parc – dans laquelle j’ai lamentablement terminé après avoir perdu ce que nous avons appelé la deuxième guerre d’Indochine avec mon pote vietnamien, Lap.

Pour un aperçu animé:

http://i.imgur.com/BB8tHHG.gif

 La route du retour, le coucher vers 10h et la journée suivante ont été un peu plus douloureux, mais ça en valait la peine.

30mn plus tard, nous arrivons sur un parking d’où débute un très beau sentier qui croise la route de plusieurs cascades. C’est un décor digne de Pocahontas et je me dis qu’y revenir en automne serait une bonne idée.

Nous pensions marcher quelques heures, au final notre balade aura duré 15mn, tout juste le temps de trouver un trou d’eau et d’être particulièrement inspirés par l’idée d’y passer l’heure suivante. Puis d’avoir envie d’une glace, April ayant dit plus tôt que le meilleur salon de glaces maisons se trouvait pas trop loin de là. Puis de rentrer se cuisiner un énorme plat de pâtes chez moi – C’est ce qu’on appelle la rando des paresseux !

Le weekend du 1er septembre était prolongé d'un lundi, pour cause de fête du travail, nous en avons donc profité pour passer 3 jours en Virginie, dans le parc national de Shenandoah (les Appalaches, ca vous dit quelque chose?)
Et puis bon, camper 3 jours à 7 c'est marrant, camper 3 jours à 7 dans le jardin d'une maison partagée par 4 personnes de notre âge, c'est mieux!
Voilà ce que donnait le groupe:

 Vous l'aurez compris, nos hôtes étaient adeptes du hula-hoop (trèèèès contagieux)  mais pas que!

Parmi eux il y avait un prof de yoga:

Et son coloc était plutôt doué en acrobaties aussi!

Moi j'étais quelque peu moins audacieuse:

Le matin au marché avec Annie:

Détente post petit-déj

Lap venait tout juste d'émmerger de sa nuit de sommeil:

Ca ce sont les deux photos que j'ai récupérées d'un festival de country où la moyenne d'âge était de 60 ans, et nous avons tout fait pour y mettre de l'animation: concours de roulades, concours de pompes, pyramide humaine...

Le lendemain matin, pile de câlins en guise de bonjour, et Taylor qui nous a tous trouvé sous la tente en se demandant ce qu'on y faisait:

Oh, j'allais oublier, la raison pour laquelle on a fait les 3-4h de route, c'est quand même pour la randonnée! On n'a pas eu beaucoup de chance avec le temps mais les fous rires, acrobaties et élans d'affection ont bien rattrapé le truc. 

Les au-revoirs ont été difficiles, ça va sans dire. On s'est tous promis de refaire le même weekend l'an prochain! 

 Une ville de plus sur ce blog!

Je suis arrivée la veille au soir, hébergée par Kira qui partage son appartement avec Christine, Scott et Garrick.

La journée commence par une superbe balade en vélo le long du lac Michigan : il y a une dizaine de kilomètres a parcourir pour rejoindre le centre-ville, un beau soleil, une brise fraîche et des dizaines de joggeurs. Avec un chien, une poussette ou un Ipod sanglé au bras, tout le monde s’est donné le mot ce matin !

La vue sur la Skyline de la ville avec le bruit des vagues et la sensation de liberté et de vitesse qu’offre le vélo est la meilleure façon d’entrer dans Chicago.

Les vélos sont déposés près d'un superbe opéra en plein air:

Et voi le bean, une sculpture miroir géante sur laquelle se reflètent tous les gratte-ciels – pour le bonheur des enfants et grands enfants. C’est là qu’Ivan, un russe que Kira accueille en même temps que moi nous rejoint.

Nous entamons ensemble un tour du centre-ville, initialement à la recherche d’un distributeur, tombons nez à nez avec une bande de 5 jeunes offrant des « free high-five » (en français on dit « tope-là »). 

On aboutit au bord du fleuve bordé de vieux bâtiments, puis nous faufilons en haut d’une tour et dérangeons a peine un groupe en costards et robes chics en plein brunch dans un bar assez classe pour coller nos nez aux vitres et profiter de la vue sur les gratte-ciels.

Une sculpture de Picasso plus loin, nous tombons sur une boulangerie française qui met l’eau a la bouche de Kira et d’Ivan : sandwiche baguette et croques-monsieurs au menu pour ce midi !
Nous nous posons sur l’herbe de l’opéra plein air, où ont lieu les essais techniques pour un festival de musique du monde commencant plus tard dans l’après-midi.

Pas trop loin de là se trouve un petit musée de photographie contemporaine. Je retiendrai en particulier l’émouvant projet "love and war » de Guillaume Simmoneau, retracant à la manière de flash-backs son histoire chahutée avec une jeune femme partie en Irak en 2004 et dont la perte d’innocence est clairement visible sur les clichés.

Repartant à nouveau vers le centre-ville, nous tombons nez a nez avec une douzaine de paires de fesses :

Petite inquisition de ma part, il s’agit d’un entraînement au ParKour.
Dans le petit parc juste a côté, il y a des statues asses inspiratrices, on n’a sûrement pas été les seuls à être inspirés d’ailleurs.

Kira s'en va vers 16h pour rejoindre son club littéraire hebdomadaire, et avec Ivan, nous décidons de rouler vers le port (superbes vues au passage)

Nous arrivons au Navy Pier, une jetée où se sont implantés des magasins, cafés et même un petit parc d'attractions:

Et oui desfois Paris me manque!

Ivan tenait absolument a visiter la gare centrale de la ville avant de rentrer: c'est chose faite!

Et nous voilà repartis vers le nord de la ville pour rejoindre Kira:

Nous passerons la soirée dans des bars avec ses colocs et d'autres amis - vous vous douterez bien que je n'ai pas joué les photographes pendant la soirée!

Je me réveille difficilement autour de 9h et attrape un métro direction le quartier mexicain de la ville. Il pleut des cordes, mais je ne craint rien sous mon capuchon, et puis déambuler seule dans les rues désertes et admirer les fresques au mur a un certain charme.

Lorsqu'il est près de 14h et que je n'ai toujours rien avalé depuis la veille, je me mets en quête d'un restaurant, interrogeant 2-3 personnes au hasard dans la rue. Le nom d'un restaurant "Los comodoros" est évoqué deux fois par deux personnes différentes, c'est donc là que je me rend!

L'endroit est rempli... de mexicains uniquement = bon signe!

Je ne suis pas fan de prendre des photos au restaurant mais je voulais me souvenir de ce qui a été mon unique repas de la journée, tant il était copieux.

Sur la télé au fond du restaurant, il y a une chanteuse mexicaine en live. Un jukebox qui diffuse des rythmes latinos. Et beaucoup de familles.
Lorsque je me lève pour régler l'addition, la serveuse me fait savoir que l'un des trois jeunes hommes de la table d'à côté voudrait s'en charger pour moi. Charmant, mais j'ai poliment refusé et payé pour ma pitance (non mais!).

Deux blos de maisons plus loin il y a le musée des arts mexicains et il pleut toujours: je m'y dirige donc tel un zombie et passe deux heures a contempler des sculptures en papier mâché et des toiles remarquables:

De retour a la station de métro qui est elle aussi ornée de fresques en tout genre: ce quartier est vraiment sympa!

De retour chez Kira en fin d'après-midi, je me pose avec elle et ses colocs devant un match de football américain.
Plus tard dans la soirée, je prend ma dose de salsa hebdomadaire dans un club à 10mn a pied de chez elle- et qui s'est avéré être parfait! Enorme dancefloor, groupe live et très bons danseurs (Cubby Bear pour ceux qui auraient l'occasion)

Le lendemain (un lundi) je dit au revoir à Kira que le boulot appelle- et qui viendra sûrement à Philadelphie dans les prochains mois- et prend la direction du zoo de la ville. A cette heure-ci il n'y a presque personne, et c'est une chouette promenade:

J'ai adoré leurs queues entrelacées!

Dans un parc à côté du zoo...

Et un jardin botanique trouvé également non loin de là:

Je prends ensuite le bus direction Little Saigon, le quartier vietnamien. A part des manucures-pédicures et des restaurants il n'y a pas grand-chose, j'y reste donc le temps de deux rouleaux de printemps avant de marcher vers le quartier suédois voisin, Andersonville. 

C'est un coin tranquille, vert, avec beaucoup de librairies (féministes), de magasins tous mignons et de boutiques de crèmes glacées.
Quelques panneaux comme celui-là aussi:

Et puis de jolies voitures:

En milieu d'après-midi, c'est l'heure de prendre la direction de l'aéroport! 
J'ai eu la chance de décoller avec une vue dégagée sur la ville et le lac:

C’est mon dernier jour de voyage ! Aujourd’hui  point de compagnon de visite, je pars donc seule direction le quartier de Castro, cœur de la communauté gay de San Francisco.

Pour ceux qui ont vu le film « Harvey Milk » (que je recommande absolument !) vous reconnaitrez le style de l’endroit. Sa boutique de photos est aujourd’hui un magasin et centre d’information  pour les LGBT. 

Petite halte dans un dog park:

Quand j'étais plus jeunes, ben mes poupées Ken étaient pas comme ça...

En grimpant un peu, il y a toujours les mêmes jolies demeures

Et une belle vue sur les Twin Peaks !

Je pousse encore un peu vers le sud-est de la ville pour arriver à Mission District, me poser pour un bon repas d’inspiration thaïlandaise dans un café avec une belle arrière-cour ombragée, puis reprendre mon chemin entre les friperies, librairies et un stand de crèmes glacées (c’est les vacances pour quelques heures encore !). 

Le quartier a une concentration assez impressionnante de fresques, j’en ai retenu quelques-unes :

A peine quelques rues plus loin, « c’est uneuh maison bleeeuuuue » eh oui c’est bien celle-là ! Adossée a la colline, elle est toujours là, la maison de Maxime Le Forestier.

Ceux qui vivent là n’ont pas jeté la clé apparemment…

Et puis vers le milieu d’après-midi, il me reste deux ou trois heures avant de prendre le chemin de l’aéroport, je me rends compte  que je n’ai toujours pas vu l’ombre du Golden Gate Bridge. Bravant le temps ridiculement long pour prendre les deux bus qui m’en séparent, je me retrouve au milieu de cars de touristes indiens et asiatiques, qui se pressent sur les barrières pour prendre une ou deux photos et repartir dans la minute.

Le pont est impressionnant, d’autant plus une fois qu’on a parcouru les panneaux explicatifs racontant son design et sa construction. Le voici en images :

Une vue sur Alcatraz en prime:

Je retourne à l’auberge dans la soirée pour récupérer mon sac, prendre une navette, puis le vol de nuit qui me ramènera a Philadelphie à 6h du matin avant d’aller directement au boulot. Une nouvelle fois les pilules roses magiques de Jeff ont été utiles : avec deux prises 15mn avant l’embarquement, je me suis endormie avant que l’avion ne décolle et me suis réveillée pile au moment où il touchait le sol.

Inutile de dire que la reprise, après ces deux semaines a été assez difficile. En deux semaines, j’ai vu tellement de choses, et en même temps si peu que je ne manquerai pas la prochaine occasion d’y retourner !

Un excellent brunch en guise d’au revoir à Guillaume, que le travail appelle à San José, puis je vais déposer mon sac dans une auberge de jeunesse que j’avais repérée la veille.

J’ai un autre ami à retrouver aujourd’hui : Jonas, un couchsurfeur suisse que j’avais hébergé il y a quelques mois, avec qui j’avais gardé un contact régulier et qui a établi ses quartiers en banlieue de San Francisco depuis plusieurs semaines.

Notre point de rendez-vous est le quartier de Haight-Ashbury, le lieu phare du mouvement hippie dans les années 60 : point central de l’ouverture, de la tolérance, c’est LE quartier où j’attendais de me rendre depuis mon arrivée à San Francisco. 

Et en prime, une excellente surprise en arrivant, l’annuel festival du quartier est en pleine effervescence ! Il y a des groupes de musique régulièrement tout le long de la rue, des stands avec des habits plus ou moins déjantés, des voyantes proposant d’aider à vider votre porte-monnaie, d’autres vendeurs plus conceptuels, et beaucoup de stands de nourriture, qui embaument le quartier d’une odeur de frites à l’ail et de merguez grillées.

Nous cédons allègrement aux sirènes du shopping, visitant presque tous les magasins de la rue, et pour les amateurs de vêtements non mainstream, c’est le paradis !

Un ptit bordel d'affaires de voyante:

Vue d'ensemble (oui le ciel est gris par ici!)

Une tenue que j'ai aimé, dans un concert que j'ai aimé (quelle voix!)

Moi et Jonas:

Et puis toujours de belles demeures

Des bulles!

Petite halte dans un café où jouait un groupe de jazz:

Nous nous séparons en début de soirée, après avoir fait un petit coucou aux fameuses Painted Ladies :

Je rentre a l’auberge de jeunesse pour me poser sur mon lit un petit moment en discutant avec une de mes voisines de dortoir. Mon partenaire de salsa favori n’est plus là, mais l’envie de danser me démange, je repère donc un club pas trop loin via la fée internet et tente un « Hellooo, excusez-moi, est-ce qu’il y aurait des danseurs de salsa dans la pièce ? » aux gens qui sont assis dans les canapés du salon. Regards étonnés, pas de réponse, tant pis ! 

J’arrive donc seule après 15mn de marche dans un club ou le cours se finit tout juste. L’énorme avantage de la salsa en étant une fille, c’est qu’on peut débarquer seule dans un endroit totalement inconnu, et se faire inviter dans les 30 secondes qui suivent. Et si l’on est en forme, danser sans interruption jusqu’à la fermeture. Ce soir-là aura été une première: j’ai pris un taxi de moi-même pour rentrer ! Non pas par fainéantise, mais parce que même a l’époque ou j’habitais en banlieue parisienne, rentrer de nuit ne craignait pas autant que dans ce quartier.

C’est aujourd’hui que Jeff doit repartir pour la côte est : nous nous disons au revoir après le petit déjeuner, puis je rejoins Guillaume, dont l’hôtel est à 10mn de marche, aux portes de Chinatown.

C’est d’ailleurs le plus grand quartier chinois des Etats-Unis ! Nous y sommes en fin de matinée, les marches sont en pleine effervescence, il y a foule de gens, de couleurs et d’odeurs inconnues. 

C’est d’ailleurs le plus grand quartier chinois des Etats-Unis ! Nous y sommes en fin de matinée, les marches sont en pleine effervescence, il y a foule de gens, de couleurs et d’odeurs inconnues.

L’amateur de thé qu’est mon nouveau compagnon de visite réquisitionne une halte dans un magasin spécialisé où un géant chinois très éloquent nous aura fait faire une dégustation de diverses variétés tout en commentant leur provenance, fabrication et vertus.

A midi, nous dénichons une petite gargote où se pressent une file de gens qui commandent des plats que nous avons du mal à identifier. En précisant « no meat, no fish » à une des cuisinières pressées, je me retrouve avec une grosse assiette de nouilles de riz au soja, d’aubergines dans une sauce gélatineuse, avec un pain aux oignons verts cuit a la vapeur, le tout pour un prix si ridiculement bas que je n’y ai tout d’abord pas cru. Dans la salle, que des visages aux yeux bridés, on nous regarde en souriant, deux femmes préparent des feuilles de chou farcies à la viande au beau milieu de la salle. Que j’aime le dépaysement.

Ayant découvert la délicieuse bizarrerie du bubble tea – thé avec de grosses boules de tapioca- à Philadelphie, j’en offre un a Guillaume qui a l’air assez convaincu. 

Petit passage par le minuscule quartier italien:

Vue sur Downtown:

Et sur Alcatraz!

Harleys

Guillaume et son bubble tea quelque part dans le quartier italien:

Pause sieste au Washington Square:

San Francisco, c'est collineux!

Une petite image d'ensemble, avec le tramway en prime:

Les maisons de Russian Hill

Un bar a sushi, où les clients laissent une note sur leur impresson: efficace!

San Francisco, c'est venteux!

Et voici Lombard Street, la rue la plus sinueuse des Etats-Unis avec ses huit virages serrés et sa pente de presque 30% !

Petit visite d’un cloître reconverti en institut d’art

Un peu plus tard, petite halte bière et billard dans un bar/saloon avec un excellent guitariste.

Et la soirée se termine par un petit concert de jazz-rock dans un minuscule mais bien sympathique bar du centre-ville!

Nous rejoignons deux connaissances de Jeff, dans un biergarten (oui ça existe aussi par ici !) sur les coups de midi. L’endroit est vraiment agréable avec son arrière-cour ensoleillée, son barbecue géant, sa sélection de bières et sa déco originale, seul le zappage de petit déjeuner nous fera bouger vers un autre quartier de la ville, Fisherman’s Wharf. Au bord de l’océan, c’est le principal port avec de nombreuses jetées et d’encore plus nombreux restaurant et magasins de souvenirs.

Ah et puis il y a aussi une belle vue sur Alcatraz, quand le brouillard ne s’en mêle pas :

Après avoir marché un peu au hasard, mangé des crèmes glacées et pesté contre la lenteur du tramway (près d’une heure pour faire 5 ou 6km !), nous voilà de retour à l’hôtel pour se reposer un peu avant de sortir

Michele nous a dit au revoir en fin d’après-midi et vers 19h, Guillaume frappe a la porte : un peu avant de commencer le voyage, j’avais eu l’excellente surprise d’apprendre qu’il quittait Paris en faveur de San Francisco pour quelques jours de conférences, pile au moment ou j’y serai !

Bref, nous nous retrouvons rapidement tous les trois autour d’un verre dans un bar du Mission district, à échanger des nouvelles, des photos… La soirée ne sera pas excessivement longue : l’un vient d’atterrir avec un jetlag de 9h, l’autre doit décoller le lendemain matin

Le départ a lieu vers 8h du matin, direction San Francisco: la route n’est pas très marquante, même si nous traversons des villages assez charmants. Nous retournons la voiture à l’aéroport à midi tapantes et prenons l’équivalent du RER parisien vers le centre.

San Francisco est une ville ouverte et tolérante, je n’apprendrais sûrement rien à personne. Le revers de la médaille est le nombre de drogués et de dealers dans les rues autour de Downtown et du quartier South of Market, précisément où était situé notre hôtel.

La première image que j’ai eue de la ville en sortant du métro était ces drapeaux arc-en-ciels accrochés a tous les lampadaires, une très bonne impression. 

La deuxième que je retiendrai était un poil moins séduisante : après avoir posé nos sacs et en route pour un déjeuner, il y avait ce clochard étalé sur le sol avec des éclaboussures de sang autour de sa tête et de la salive blanchâtre coulant de sa bouche. Un policier, les mains sur sa ceinture attendait à ses côtés l’ambulance qui est arrivée quelques trente secondes plus tard.

Beaucoup de rues du coin ont une forte odeur d’urine (vous me direz, Paris se défend bien dans ce domaine), certains types a capuches vous murmurent « J’ai du <diverses substances prohibées> » en vous croisant, et de ma vie,  je n’ai jamais vu une telle concentration de sans-abris au mètre carré.

Petite balade dans un parc:

Nous avons passé la fin d’après-midi à nous balader dans les rues du centre et faire du shopping. Ah, une autre impression de San Francisco : il y a du vent ! Beaucoup de vent ! Les 10 derniers jours n’étaient que soleil, ciel bleu et vêtements légers, nous voilà à enfiler nos vestes et nous réfugier dans un café.

D’ailleurs vous remarquerez la différence entre l’Amérique et l’Italie : j’ai pris la photo après avoir bien ri en les voyant chacun avec leur commande.

Jeff et moi sommes en état de manque depuis quelques jours, Michele est curieux et enthousiaste, nous testons donc un nouveau club de salsa ce soir, qui s’avèrera être bien sympathique ! Bons danseurs, bonne musique et dancefloor spacieux. Pour les amateurs, il s’agissait du café Cocomo.

Je me réveille seule ce matin, avec un petit déjeuner bien costaud (les tartines au miel et beurre de cacahuètes sont une de mes découvertes principales de ce voyage), prépare des bouteilles d’eau avec pilules d’électrolytes, de quoi casser la graine sur la route et me rend en bus jusqu’au point de départ du sentier. Je compte grimper jusqu’à “Glacier Point” (3h de marche, presque 1000m de dénivelé), faire le Panorama Trail qui apparemment offre de superbes vues sur toute la vallée (3h, moins de denivélé) et redescendre le long des “Vernal Falls” (encore 3h). Pour les moins doués en calcul, le tout représente près de 9h, mais j’estime plutôt entre 7 et 8h, connaissant mon rythme et comment sont habituellement indiqués les temps de trajet. Il est près de 10h lorsque je commence la grimpette, après avoir laissé un mot aux dormeurs pour prévenir que je serai de retour en debut de soirée.

Glacier Point depuis la vallée:

Pendant une bonne heure, c’est à dire la moitié de l’ascencion, je suis presque seule sur le chemin raide et aux innombrables lacets, seul un couple me croise en descendant. Régulièrement, je débouche sur de petites corniches d’où la vue sur la vallée est bien dégagée 

Plus haut, de nombreux rangers travaillent à dégager des pierres instables du parcours, et il y a un peu plus de randonneurs,  mais la majorité sont en descente (Il est possible de monter en bus au sommet).

J’atteins vers midi le sommet de Glacier Point, qui est un point d’observation assez prisé. L’endroit est tout à fait accessible par la route de l’autre côté de la montagne, il y a un grand parking plein de cars et beaucoup de monde qui se presse sur la terrasse pour prendre des photos. 

Je me pose sur un rocher un peu à l’écart, déguste une barre protéinée (c’est fou comme deux heures d’effort et de suée peuvent donner un goût unique à n’importe quel aliment), avec quelques noix, puis entame le Panorama Trail, qui porte bien son nom. Restant sur les crêtes, il offre des vues absolument magnifiques sur la vallée et le reste du parc. Il y a à nouveau beaucoup moins de monde qu’à Glacier Point, ce qui est reposant.

Petite pause pour se détendre les pieds dans un torrent d’eau glacée.

En milieu d’après-midi, débouchant sur un petit point de vue assez dégagé, je rencontre un autre randonneur, d’une cinquantaine d’années. Nous marchons au même rythme et passons l’heure suivante à papoter : c’est un anesthésiste d’origine bulgare et ayant vécu a Paris, qui est venu dans le coin pour une formation et des conférences.

Nous nous séparons vers 16h, lorsqu’il doit rebrousser chemin pour retrouver sa voiture et que j’entame la descente le long des Vernal Falls. 

Ce sera la partie la plus difficile : les heures de marches commencent à se faire sentir dans les pieds, et presque tout le sentier est en fait une sorte d’escalier en pierre au marches hautes de 50-60cm et rendues glissantes par la brume des chutes d’eau. Beaucoup plus de monde aussi, ce qui oblige a s’arrêter régulièrement pour laisser passer des groupes de gens. Heureusement, il y a une rambarde en métal qui me permet de limiter les chocs au niveau des genoux. J’arrive tout de même à me fouler une cheville à la toute fin du parcours, à cause d’une marche plus inclinée que les autres et du manque d’attention provoqué par la vue de l’arrêt de bus tout proche.

Lorsque je retourne au camping, Jeff et Michele ont sympathisé avec un autre campeur de San Francisco.

Couverte d’une couche de crème solaire, d’anti-moustiques, de sueur, de poussière, et une autre  de crème solaire et de sueur, une douche  s’impose ! J’enfile mon maillot de bain, remplis un gallon d’eau et m’éloigne de quelques dizaines de mètres pour trouver un coin tranquille derrière un arbre, m’enduire de savon, frotter et essuyer avec des lingettes pour ne pas en laisser dans le sol, et rincer le tout a l’eau fraîche.

Je savoure un cidre, une boîte de lentilles froides en conserve - croyez moi ou non, après 7h30 de marche c’est le plat idéal- et une tartine de beurre de cacahuètes en rentrant, les mecs sont à la bière et aux pizzas (oui on en trouve a emporter au Yosemite Village !). Lorsque la nuit tombe, nous sommes tous autour d’un feu et Jeff joue de l’harmonica, la meilleure façon de clore ces quelques jours dans le parc.

Le réveil aurait dû sonner à 4h30 ce matin, je me suis réveillée seule vers 5h30 et ai eu un peu de mal à faire sortir les deux autres dormeurs de leur sac de couchage. Nous plions bagages rapidement pour arriver le plus tôt possible dans la vallée et espérer avoir un emplacement pour dormir les deux nuits suivantes. A 7h, il y a déjà plus de 20 personnes qui attendent devant l’accueil encore fermé du camping!

Chacun s’occupe comme il peut, en dormant, en jouant, en lisant, je sympathise avec une famille d’origine arménienne vivant a Los Angeles.

Enfin, autour de 9-10h, nous nous voyons attribuer un emplacement, que nous partageons avec 3 autres campeurs déjà installés. L’un est une sorte de jeune ermite absent toute la journée et mangeant seul face à son réchaud le soir, les deux autres sont des grimpeurs venant de Chicago et nettement plus enclins à la conversation.

Nous installons la tente, verrouillons à nouveau toutes les affaires dans les caissons métalliques(ici, les écureuils sont LA véritable plaie, pire que des rats) et repérons une belle randonnée dont l’itinéraire commence juste à l’entrée du camping. Quelques bouteilles d’eau et des snacks sur le dos, c’est parti pour le “Top of Vernal falls”! 

Ces chutes sont les plus hautes d’Amérique du Nord, si hautes que l’eau se disperse en une fine brume avant de toucher le sol, douche garantie au passage!

La première partie de la montée est assez fréquentée, et régulièrement exposée au soleil. Arrivés à peu près au tiers du parcours, Michele, qui n’est pas un vrai passionné de rando et est un peu découragé par la raideur du sentier, décide de retourner faire la sieste au camping. En continuant une centaine de mètres plus loin, nous sommes au pied des chutes, l’air chargé d’eau est très rafraîchissant. La montée se raidit encore a l’approche du sommet, mais la vue vaut vraiment l’effort:

Aidés par un autre randonneur pour prendre une photo avec vue d'ensemble:

Le camping n’est pas équipé de douches, juste de toilettes et d’un lavabo. Trempés de sueur et ayant la flemme d’aller jusqu’au Yosemite Village, à l’autre bout de la vallée pour prendre une vraie douche (au tarif incitant encore plus a la flemme), nous enfilons nos maillots de bain et marchons jusqu’à la rivière, pendant que Michele est toujours profondément endormi sous la tente. Nous n’y sommes pas seuls: des nuées de moustiques ont l’air de trouver très apétissant ce double buffet qui s’offre à eux. Après une trentaine de “aaarghhh” et jurons plus ou moins fleuris, je rebrousse chemin en courant et me rabat sur un mélange d’essuie-bébé et de semi douche dans les lavabos du camping. Jeff est resté, il est rentré avec une quantité impressionante de piqûres dans le dos et aura passé la nuit à se gratter les membres jusqu’au sang. 31 piqûres “seulement” pour ma part!

Pendant que nous mangeons ce soir-là, je sors la carte et propose une randonnée sur la journée, qui a l’air vraiment superbe. Les deux se regardent, et leur réponse est unanime: on va rester là, jouer au ballon et se baigner dans le lac. Bref, je partirai donc seule demain!

On nous avait dit que le lac au lever du soleil était un must, mais après Las Vegas et les heures de route de la veille, le vrai must c’était de dormir jusqu’à 9h. Nous somme retournés à la cafétéria de la veille pour quelques pancakes/oeufs brouillés avant de se rendre au bord du lac via un long chemin de gravier entouré de buissons, à peine assez large pour une voiture. A part un duo de photographe allemands, nous sommes les seuls sur cette plage, assez éloignée de Lee Vining, mais qui vaut le coup d’être vue avec ses concrétions de calcaire et le nombre d’oiseaux qui en ont fait leurs nids.

Notre prochaine étape est Bodie, une ville fantôme de la ruée vers l’or-et la mieux préservée de toute la Californie-, à environ 45mn de route du lac.  Les premières traces d’or ont été découvertes peu avant 1860, et la population a atteint son maximum en 1880 avec 10000 habitants, ce qui en faisait la plus grande ville après San Francisco. A cette époque, les quelques 65  saloons côtoiyaient les bordels sur la longue rue principale, les fusillades, bagarres et hold-ups étaient monnaie courante. La ville qui a extrait au total plus de 34 millions de dollars d’or, a été définitivement abandonée dans les années 1940 à la suite de deux incendies, et a été laissée telle quelle. C’est un site historique depuis 1961.

Rien n’a bougé ou presque (les rangers sont là pour entretenir un minimum les bâtiments et éviter qu’ils ne s’effondrent), et c’est assez une sensation assez particulière de s’y promener, regarder à travers les fenêtres des maisons condamnées car trop fragiles, entrer dans celles ouvertes et s’imaginer la vie des gens qui habitaient là il y a plus d’un siècle.

Une salle de classe avec un globe terreste:

Le cimetière:

Le soleil est au zénith quand nous retournons à Lee Vining, prenons un plat à emporter toujours dans la meme cafétéria (pourquoi aller voir ailleurs quand on est sûrs qu’ici, ce sera délicieux?) et entamons les deux petites heures de route qui nous séparent de la prochaine étape, dans le parc national du Yosemite. Michele a entamé sa “siesta” à l’arrière rapidement après avoir avalé son sandwich, je mord avec délectation dans mon burger aux légumes marinés, et nourris Jeff qui a repris sa place au volant.

Le Yosemite est un endroit fort heureusement très protégé, où les visiteurs s’adaptent à la nature au lieu de la maîtriser. Beaucoup d’efforts sont faits pour préserver la vie sauvage de l’influence humaine, notamment les ours, cerfs et écureuils . Conséquence directe, les places de camping sont très limitées, surtout dans la vallée, d’où partent tous les sentiers de randonnée. Pour obtenir un site où planter sa tente dans l’un des trois campings de la vallée au printemps ou en été, les réservations ouvrent 3 mois à l’avance et tout est plein en moins d’une heure. Ensuite, si les tarifs exorbitants et le manque de proximité avec l’environement des hôtels et chalets vous rebutent –ce qui était notre cas-, il reste un unique camping ne prenant pas de réservations et fonctionnant sur le principe du “premier arrivé, premier servi”. D’autre campings sont situés à 45mn de route de la vallée, plus en altitude et tous n’ouvrent pas pas avant juillet à cause de la neige: c’est dans l’un d’eux que j’ai réussi à trouver une place pour cette nuit-là uniquement, la dernière disponible, deux semaines avant le départ (il y a 3 mois, je me doutais que j’allais visiter l’endroit, mais de la à planifier tellement en avance…). Ah, et bien sûr, le camping sauvage est totalement interdit, sévèrement sanctionné et de toutes facons dangereux à cause des ours.

Nous aurons donc de quoi dormir ce soir, après avoir traversé tout le parc par la Tioga Road, ouverte et déneigée une dizaine de jours plus tôt (la chance était avec nous ce coup-ci!): en arrivant au camping, nous recevons toutes les instructions à suivre et conseils de balades à faire de la part d’un ranger a l’accueil. Chaque site est équipé de caissons métalliques avec verrou, où toute la nourriture et produits parfumés doivent être stockés (les ours ont un odorat exceptionnel et arrachent les portes des voitures avec une étonnante facilité). Nous verrouillons donc toutes nos affaires et partons pour une balade en fin d’après-midi, à travers une forêt abritant des séquoias géants. Ce ne sont pas les plus gros que l’on puisse voir aux Etats-Unis (les plus impressionnants font jusqu’a 100m de haut avec une circonférence de 25m) Comment arrivent-ils à cette taille? Grâce a leur écorce, ils résistent au feu et d’autres évènements meurtriers pour les autres arbres, ce qui fait que les plus vieux d’entre eux ont jusqu’à 3000 ans.

Le premier que vous croisons est une sorte de “bébé”, mais sa taille est suffisante pour nous arrêter sur place dans un “woooh” commun. 

Plus loin, l’un deux est couché sur le flanc, et nous a servi de mur d’escalade :

Encore plus loin, celui-ci a été touché par la foudre, on peut y faire passer une voiture:

De retour au camping, petit dîner/apéro de chips et beurre de cacahuètes: (comment ça l'illusion n'est pas parfaite??)

Michele a mentionné plusieurs fois dans l’après midi sa crainte des ours, alors quand Jeff et moi décidons d’aller faire un tour dans la clairière au bout du camping pour espérer en apercevoir un(le ranger de tout à l’heure nous avait dit qu’ils viennent souvent par là en début de soirée), il nous regarde d’abord comme deux malades mentaux, puis accepte de nous suivre. Nous nous asseyons dans l’herbe haute à l’orée de la forêt, Michele jette des coups d’oeils réguliers par dessus son épaule qui me font sourire, et décide de retourner à la tente lorsque le soleil commence à disparaître derrière les montagnes. Nous restons encore un moment avec Jeff à scruter la forêt, jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre pour discerner quoique ce soit